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  Vol. 299 No. 15, 16 avril 2008 TABLE OF CONTENTS
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Paysage avec St Jérôme


Figure 1
Henri Bles, Paysage avec St Jérôme, 16ème siècle, Belgique © Musée des Arts anciens du Namurois.

ll est si fréquent de rendre hommage à des peintres célèbres que l’on oublie parfois ceux qui ont ouvert la voie, ceux qui sont restés plus obscurs, ceux qui ont peint à une époque où l’art était sous la censure de l’église, en définitive tous ceux qui auraient pu être célèbres et qui n’ont eu qu’une honnête renommée.

Henri Bles, peintre belge, appartient à cette catégorie. On sait peu de chose de ce peintre né dans la région mosane, à Bouvignes ou à Dinant à la fin du 15ème siècle. A cette époque, qui n’était pas encore celle de la Renaissance, Henri Bles, dont on ignore à peu près tout de son enfance, commence à émerger vers le premier quart du 16ème siècle, à Anvers, cité prospère de la mer du Nord, ville commerciale mais aussi de grande culture. Il s’y installe, ouvre son atelier, puis part vers l’Italie, cette Italie de la Renaissance où tant de talents se côtoient. Il y gagne le surnom "Civetta" (La Chouette) en raison de l’habitude qu’il avait prise d’intégrer dans certains de ses tableaux une petite chouette. Tous ses tableaux ne comportent cependant pas ce signe distinctif. Ce n’est donc pas "sa signature".

Bles restera en Italie où il mourra, probablement avant 1567 et aurait été enterré à Ferrare. De nombreuses incertitudes persistent donc sur sa vie et la destruction de l’église où il fut enterré ne permet pas de retrouver ses dates de naissance et de décès.

Voilà un peintre pourtant extrêmement apprécié pour ses paysages qui modifiaient le cadre strict des peintures de l’époque. Jusqu’à la Renaissance, la peinture était dominée par les sujets religieux qui occupaient le premier plan, le paysage n’étant alors présent que pour mettre en valeur le sujet biblique. À partir de la Renaissance, et parallèlement aux grandes découvertes de cette époque (les voyages autour du monde, la découverte de l’Amérique, les grandes épopées maritimes...), la peinture s’ouvre vers l’extérieur et si elle le fait timidement, elle ose le faire. Le sujet biblique ne constitue plus le premier plan et le paysage est mis en valeur.

Certes des maladresses sont présentes, les plans ne sont pas parfaitement maîtrisés, mais la couleur est vive, le tableau inspire celui qui le contemple et l’imagination peut s’enflammer devant des scènes qui sont autant de fenêtres ouvertes sur l’extérieur.

Henri Bles peint de grands paysages, en s’inspirant à la fois de sa région natale et en laissant libre cours à son imagination. Les montagnes et les rochers sont parfois fantaisistes et Henri Bles accentue ce côté fantastique des scènes qu’il peint. La nature dans ses tableaux est encore l’oeuvre divine et il paraît normal qu’elle adopte ce côté extraordinaire où les rochers poussent comme de vieilles souches, s’élèvent vers le ciel où ils viennent se déchiqueter comme les lames de la mer se brisant sur les rochers.

Mais ces tableaux mettent aussi en scène des paysages plus sereins, sa campagne, des villages, montagnes et vallées, champs et forêts.

En choisissant la couleur pour travailler la perspective, Henri Bles est déjà un précurseur. Les premiers plans sombres laissent la place à des plans intermédiaires avec des couleurs plus vives devant des arrières plans pâles ou gris qui se fondent dans un horizon souvent flou et forcément lointain, c’est-à-dire inaccessible pour le commun des mortels. Le fond reste encore mythique pour le spectateur et le peintre y met la part de mystère qui sied à la nature, enfante des Dieux.

Mais parallèlement à cette image de peintre paysagiste, créatif et novateur, Bles fut peut-être un homme d’affaires avisé. Car certains chercheurs ont trouvé dans l’œuvre de Henri Bles une récurrence des thèmes qui font penser que plusieurs artistes sont intervenus dans son atelier. Henri Bles aurait ainsi préparé des tableaux types sur lesquels étaient possibles des variations. On recense plus de 100 paysages "peints" par Henri Bles.

W.S. Gibson dans un ouvrage sur le paysage cosmique évoquait le peintre sous le terme de "Bles and company".

Ceci n’enlève en rien le mérite d’Henri Bles, car il ne fut certainement pas le seul à cette époque à peindre de cette façon et de nombreux grands maîtres italiens faisaient travailler ainsi des "petites mains" expertes.

Tout ceci ne fait que renforcer le mystère qui plane autour d’Henri Bles. Qui fut-il réellement ? Quelle est la date exacte de sa naissance et celle de sa mort ? Beaucoup de questions qui demeurent aujourd’hui encore sans réponse chez ce peintre chez qui certains n’ont voulu voir qu’un habile dirigeant d’atelier mais qui fut un grand peintre paysagiste. Et pour ceux que le mystère intéresse, qu’ils sachent qu’Henri Bles a été souvent comparé à Joachim Patinier, autre grand peintre paysagiste, de la même époque et du même lieu. Difficile aujourd’hui de dire s’ils étaient parents ou proches amis. On l’a rapproché de Henry de Patinier. Henri Bles et Henry de Patinier ne furent-ils qu’une et seule même personne ? Les registres de la ville de Bouvignes en 1541-1542 indiquent qu’un certain Henri Patinier y payait un impôt. Alors ?

Le mystère demeure !

Jean Gavaudan, MD







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